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Le Blog de JM 33500 - LiBoUrNe, HisToiRe d'En ParLeR
16 janvier 2008

LOISEAIT, NoM de Lieu... LOISEAU...

La « Revue Historique de Bordeaux », janvier-mars 1953, contient une étude sur la Toponymie et topographie Aquitaines, au cours de laquelle sont énoncés quelques noms considérés comme pouvant être, appliqués à la toponymie des frontières.
J.-A. Garde, dans la séance de juillet de la société, a présenté des observations sur un certain nombre de ces noms. Il est resté sur la réserve en ce qui concerne « Loiseau ».

LOISEAU - Signalétique


« Loiseau » est un toponyme qui se rencontre, au moins trois fois, dans l'arrondissement, deux en Fronsadais : dans les communes de Lalande-de-Fronsac et de Fronsac; un dans la palu des Billaux.
Le château de Loiseau, commune de Lalande, est situé dans l'extrémité inférieure du plateau incliné sur lequel est la Lande, limité par un ruisseau qui alimente puis déverse un grand creux d'eau en forme de bassin rectangulaire, bordé d'obiers, au bas des bâtiments.

Loiseau, de Fronsac, est cité par l'étude susvisée, p.12, ligne 13, dans la phrase suivante « Nous avons trouvé un Loiseau < Uxello, « près de Libourne-Fozera. Si on le considère comme un terne frontière, il pourrait indiquer une séparation de ce territoire somme toute assez vaste... »
Uxellum, pris pour origine de Loiseau, signifie proprement « hauteur ». Pour l'entendre comme terme-frontière, du moins dans le cas actuel, il faut le dépouiller de toute sa valeur étymologique et y voir une signification détournée et acquise à la suite de transformations et de modifications de sens variées et nombreuses. L'évolution sémantique en est assez tortueuse.

LOISEAU - Signalétique coté Libourne  LOISEAU - Signalétique coté Fronsac


Loiseau, de Libourne-Fozera, plus exactement de Fronsac, n'a en effet rien d'un lieu élevé; il est dans la partie la plus basse du coin, dans la palu d'Anguieux, sur la rive droite de la rivière de l'Isle, dont les eaux le couvrent à la moindre souberne et font de lui un lit secondaire de dégagement.

Oiseau peut, certes, venir de uxellum. Longnon donne le breton « ucel », avec le sens d'élevé. Cependant d'autres générateurs d'oiseaux pourraient prétendre à la conception de Loiseau en question.

Oiseau, dans le sens le plus ordinairement employé, celui de volatil, vient d'un dimin. d'avis, avicellum, contracté en aucellus. En roman : aucel, auzel, aosel, augel, auzil (Mistral). En vx fr. Oisel et dérivé Oisil-lon. En occitan : auzel, auzet, auzilhou (oisillon). Italien: ucello, augello (Diet. Ferrari et Caccia).

Oiseau, sorte d'auge dont se servent les maçons pour porter le mortier. Vient d'un diminutif d'Alveus. Alveus, proprement cavité, dérivé d'Alvus, a donné « auge » (al = au, v = g, cf. diluvium, déluge; cavea, cage ; nivis, neige; curvia, courge). Alveolus, ou plutôt Alvellus, formé directement d'après Alvus, donne Auzel, d'où (cf. ci-dessus). Si Palay cite : auset, oiseau et ustensile de maçon. Eveillé explique : vient du mot auget qui se dit aouset dans les patois du midi parlés par la plupart des maçons qui se rendent à Paris.

Oiseau, par Oisil,. oisel, nom de l'osier.
Musset donne: Oizil, osier: oiselière, lieu où croit l'osier : oizillière, terrain marécageux où croissent des oizils, des osiers. Eveillé: oisi, osier; en b. breton auzoth et aozil. Dauzat, osier : bl. auseria VIIIème siècle. Ce mot est à rapprocher de Ausère, oiselle (S. Palay) (on sait que, dans la région, ll = r : capellan, caperan ; pellison, périsson). Des auteurs tirent osier du grec ois-on, ou, saule et osier, et la forme oisil appuierait cette origine. Clédat l'écarte à cause de l'ancienne graphie en au. D'où qu'il vienne oisil, oisel a pu facilement aboutir à oiseau.

Mistral donne: Nostro damo dels Auzils, nom sous lequel N. D. de Bon secours est honorée à Gruissan (Aude), et fait venir le mot du latin Auxilioruml.

6° Diet. Lat. fr. Quicherat. Vème Declino. Declinare ocellos. Tib. Fermer les yeux. « Occlus, petit oeil. » A pu être employé au figuré comme en arabe, où aïn qui signifie œil sert également à désigner les sources, celles-ci étant considérées comme étant les yeux de la terre. La même comparaison se retrouve chez Lespy, Diction. béarn. qui dit : celte, oeil; source, l'endroit d'où sort un cours d'eau : l'oelh du Nees, la source de Neez. Par ailleurs un bourgeon est un œil; œillet, trou pour passer un lacet ; oelhut qui a des yeux, se dit du fromage, du bouillon.

L'exposé ci-dessus montre le mélange des formes dans les divers sens : augel, auzel, auzet, auzelhon, auget, oisil, oisillon, oisel qui se réunissent dans le terme oiseau.
Trois de ces mots, mieux que les autres, allieraient ici toponymie et topographie. Ce sont : loiseau des terres basses, et humides ; l'oiseau des saules et osiers; l'endroit est en palu où l'osier pousse naturellement; "oiseau au sens de source.
Mais, à n'en conserver qu'un, c'est l'oiseau de la palu qui aurait la préférence Alveus (Alvus) a, en latin, les significations suivantes relevées par Quicherat : d'après Virgile, lit d'un fleuve ou d'une rivière; d'après Pline, fosse, bassin, canal. Alveollus, Alvellus;), d'après Quinte-Curce, signifie lit étroit de rivière.
Et, selon Mistral, les noms de cours d'eau, Auve, Awe, viendraient du latin alveus, lit de rivière.
La situation de Loiseau, des bords de l'Ille, s'accommode fort bien de la définition qui se dégage d'alvellus. Evidemment, ce ne sont pas toujours la nature ou l'aspect du sol qui sont à l'origine des toponymes.

Jean DUCASSE.
(Communication lue en séance de la S.H.A.L. du 10 Janvier 1954)

Extrait de la Revue S.H.A. du Libournais 1953 à 54 p. 57 à 59

LOISEAU - Vue sur l'Eglise St-Jean Libourne et Pont de l'Autoroute Bordeaux Clermont-Ferrant

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